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A l'école.
11 septembre 2010

Ma rentrée.

Cette rentrée, je m’en souviendrai, et je ne serai pas la seule, l’équipe pédagogique qui m’a accueillie fera comme moi, et cela doit déjà être transmis, genre : « téléphone arabe », ce qui est d’ailleurs, vu le secteur, de circonstance.

En effet, lorsque je suis allée dans la cour pour la récréation du matin, après ma sacro sainte cigarette, on me disait « Ah oui ! J’ai entendu ton histoire ! »

Bon allez je vous raconte :

8h10, je sors de chez moi, un peu saisie par la fraîcheur, (normal, cela fait plus de trois ans que je sors quand je veux ou peux), et je me rends à mon école de rattachement, l’école élémentaire « bip bip ». Il n’y a pas plus près de chez moi, je marche moins de 5 minutes, pendant lesquelles, je savoure cette proximité.

 

8h14 : j’arrive à l’école « bip bip », je la trouve très calme, et je constate mon avance. Je fais le tour du bâtiment pour trouver une grille ouverte, enfin une ! Je rentre, et trouve un monsieur.

Je me présente : « Bonjour, je suis le mi-temps thérapeutique, je suis ****** », je décline mon identité. Manifestement il n’en a rien à faire.

Lui : « Mais l’école est fermée madame ». Je me dis qu’effectivement c’était calme, et je raisonne au plus vite à l’aide de mes neurones de blonde. Je demande au monsieur différents numéros de téléphone, et suivant celui indiqué sur ma nomination, je fais au pif ledit numéro en remplaçant les deux derniers chiffres par des zéro.

8h25 : J’appelle le mammouth, et je tombe pile poil à l’accueil. Me voilà soulagée, j’explique la situation, et la standardiste me dit qu’elle va bien trouver quelqu’un malgré l’heure matinale.

Mais oui ! Il y a des gens vivants chez eux avant 9 heures !

J’ai une personne qui me confirme ma nomination à l’école « bip bip », je lui fais un résumé de la situation. Elle :

« "Ah oui ! Cette école est fermée !

- Donc je dois aller où ?

- Attendez je vais bien trouver.

- Vous êtes nommée à l’école  « bup bup »

- Ils sont prévenus ? (je commence à me méfier sérieusement).

- Oui, oui, aucun souci. »

 

Donc je file à l’autre école, mais comme l’heure à tourné, j’arrive quand tout le monde est rentré, et bien sûr tout est fermé. Heureusement je connais cette école, et je suppose l’endroit du bureau de la Direction, parce que j’avais il y a fort longtemps dirigé cette école. Et oui, vous lisez bien.

 

Je tambourine à une porte en bois, bien sûr, il n’y avait pas de sonnette, mais je le savais.

Je retambourine, et plusieurs fois, puis j’entends une clé dans la serrure. Un homme (genre trentaine cool car je suis enseignant) apparaît sur le seuil.

Soulagée, je refais le même laïus de présentation. Il a l’air assez étonné.

 

Moi :

« On vous a bien prévenu ?

- Non absolument pas. »

 Lui et moi réagissons vite, et il va voir une classe à double niveau, qui m’accueille bien contente d’avoir de l’aide.

 

C’est curieux, comme cette école est difficile, les directeurs arrivent toujours d’un autre département, et se sauvent le plus vite possible, il est le troisième après moi.

Lundi je téléphone au mammouth et je me fais plaisir pour mettre tout ça au clair avec eux.

 

Donc j’ai eu un poste fantôme, dans une école fantôme, mais je vous rassure, le travail que j’ai fourni était bien réel, comme la fatigue ressentie le soir, que j’avais oubliée. Fort heureusement, jeudi 9 septembre était le dernier jour du ramadan, et vendredi nous avons travaillé avec la moitié des effectifs.

 

« Maîtresse ! Demain, je serai pas là, parce que c’est la grève de « l’Aïd ».

 

C’est bien, la semaine dernière ils ont assimilé la notion de grève et l’ont bien maîtrisée……

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Commentaires
H
Quelle histoire A.H.! Pourquoi ne pas prendre contact avec Rue89? Ils aiment bien ces récits!
M
Pfiouuuuuuuuuuuuuu !<br /> Quel témoignage !<br /> Allez ces deux ans je te souhaite de les retrouver, en bouffant la vie par les deux bouts, dès que l'énergie qu'ils t'ont prise te reviendra.<br /> <br /> Je suis totalement interloquée par ce qui t'es arrivé, et il est vrai que mes aventures, paraissent bien moindres au regard des tiennes, car moi ce sont des erreurs et pas vraiment des injustices, (en faisant abstraction de l'année qui m'a valu trois ans d'arrêt).<br /> <br /> Repasse quand tu veux pour y dire ce que tu veux, ici, tout le monde a sa place, c'est une classe de grands pas grands voulant rester avec leurs rêves dans la tête.
A
Bonjour ou bonsoir,<br /> <br /> Nous avons un ami commun, avec qui vous avez travaillé, J.F Ba.......i. C'est lui qui m'a parlé de votre blog, et j'avoue qu'en le découvrant je comprends son invitation. C'est fort plaisant de vous lire. <br /> Perso j'ai enseigné deux ans, de 1993 à 1995, en Maisons Familiales Rurales. Je peux vous garantir que le Mammouth a un rival puissant et sournois de surcroit! <br /> Angliciste de formation, je dispensais des cours d'anglais et de maths (Bac C, amplement suffisant). Bref, je travaillais sur 3 établissements, de la 4 TEC au Bac Pro deuxième année. L'un des directeurs me demande de venir à son bureau, j'y vais donc. "Alain, tu fais de l'anglais, tu as fait une fac d'anglais, l'anglais c'est une langue étrnagère, l'espagnol aussi." Jusque là, je ne comprends pas où il veut en venir, mais son raisonnement ne me semble pas contestable, novateur non plus ... "Tu sais que notre classe de Bac Pro deuxième année est jumelée à une classe d'une MFR en Espagne et qu'ils vont faire un voyage d'études là bas avant le bac." Je fais des efforts pour essayer de discerner le chainon manquant, l'indice évident que j'ai zappé ... C'est le matin, nous n'avons pas encore pris les apéros du midi ni le jaja du déjeuner ... Il a l'air sobre, rien n'indique des frasques nocturnes récentes chez cet homme aux neurones comptables sur les doigts d'une main et au regard fuyant de fouine, de maquigon matois. Je suis de plus en plus perplexe, je sens qu'il a une idée ... "Donc, l'espagnol étant aussi une langue étrangère, tu vas remplacer tes cours d'anglais par des cours d'espagnol jusqu'à leur départ, tu commences la semaine prochaine (nous sommes début novembre et les gaillards sont en alternance, 4 h d'anglais tout les 15 jours et l'épreuve du bac au bout de la ligne droite; ils ont déjà du mal en français et j'ai compris le sens du mot "sacerdoce"). "Ecoute René, je ne parle pas un mot d'espagnol, je suis incapable de faire ce que tu me demandes. De plus les gars ont une épreuve de bac à l'oral et à l'écrit à la fin de l'année et nous n'avons que très peu d'heures pour faire du rafistolage et limiter les dégâts." "Mais l'espagnol est une langue étrangère et c'est ta spécialité. Je ne discute plus de ça, c'est décidé et les parents d'élèves sont d'accord. Je te rappelle que ce sont nos clients!" "Bon, je vais y réfléchir René ..." Ma décision était assurément déjà prise mais la confrontation ne pouvait pas aboutir. Je décidais alors de ne rien faire si ce n'est continuer mes cours d'anglais. Peu avant les vacances de Noël, René m'interpelle: " Alain, tu commences les cours d'espagnol à la rentrée." "Mais René, je t'ai dis que je ne parlais pas un mot d'espagnol !" "Ce n'est pas grave, tu as toutes les vacances de Noël pour apprendre, tu n'as qu'à acheter des bouquins puisque tu aimes lire (Je sens l'ironie mélée de mépris)." Vacances de Noël, la FNAC, deux ou trois manuels succincts de conversation ... que je feuillette mollement. La rentrée, direction la photocopieuse, un dur labeur m'attend ! Des pages et des pages, la quantité ça fait souvent sérieux auprès des néophytes. Direction la salle de classe, distribution, question:"Qui a déjà fait de l'espagnol parmi vous?" Une main se lève, un gars sympa et plutôt bosseur. Je respire déjà mieux, 1/20, ça devrait être gérable. "Et où as tu appris l'espagnol, quel est ton niveau?" "La moitié de ma famille est espagnole, je suis bilingue." Là, c'est Hyeronimus Bosch en live, j'ai un peu de mal à déglutir ... Vite, un plan ... "Ah, super, je suis soulagé, je ne connais l'espagnol qu'à travers les livres, si on mets de côté des vacances en Espagne il y a à peu près 20 ans. Ta prononciation doit être meilleure que la mienne, tu vas pouvoir nous aider, si tu es d'accord." Valorisé, il accepte et joue le jeu. Après quelques mois de cours d'espagnol et leurs voyage, quelques temps avant le bac, les gars viennent me voir. "Alain, tu es plus à l'aise en anglais qu'en espagnol on dirait?" "Bah vous savez les gars, l'espagnol, c'est comme l'anglais, c'est une langue étrangère. Mais ceci dit je préfère l'anglais." "Ah oé, c'est ce qu'on pensait." Aucune ironie de leur part, mission accomplie! J'ai fini par me faire licencier au bout de deux ans ... après avoir constaté aussi l'existence de filières fantômes (pour les subventions), de fraudes lors de visites de la Commission de Sécurité, de procédés "pédagogiques" basés sur l'humiliation collective et la force physique et, cerise sur le gâteau, il m'a été demandé de trafiquer les résultats de contrôle continu, en annulant des copies, en distribuant le corrigé expliqué pas à pas de l'épreuve à re venir en les laissant consulter le dit corrigé pendant l'épreuve ... à la demande des "clients" et de leurs progéniture. Scandalisé par une telle manoeuvre, face à des gamins en situation d'arrivée d'échec scolaire et de refus des règles de la vie en société à qui on promettait la "rédemption par un travail honnête et assidu", je fis mine de me plier à l'injonction. S'en suivit un travail d'obscurantisme sur le corrigé mais lisible pour l'amateur. Ce fut évidemment un carnage, une boucherie. Et ils n'eurent pas l'impudence de me demander une troisième épreuve à la place des deux premières ... Peu de temps après j'étais mis à pied, et mes collègues me tournaient le dos ostensiblement. Pas d'esprit de corps ! Je fus soulagé de quitter ces établissements ... Alors, le Mammouth est certainement une grosse machine, une usine à gaz avec de gros ratés, mais peut être pas de cette ampleur ... Et je ne raconte pas tout ... J'y étais allé par désir de venir en aide à des gamins paumés et attachants, ils m'ont bouffés deux ans de ma vie. "Viva la vida" !
M
Ah oui, moi aussi j'en rigole, et au téléphone, elle n'a pas vraiment voulu le reconnaître, elle a dit "Oui, mais elles ont fusionné!" puis ensuite, "je vous envoie un rectificatif".<br /> <br /> Pas mal hein ?
R
Haha, ils te collent dans une école fermée... Incroyable.<br /> (Je préfère en rigoler, hein...)
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